Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/155

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de services, quel avantage en ont-ils recueilli sous sa préture ? Hélas ! un jeune homme de la plus haute naissance, un fils irréprochable, s’est vu enlevé à son père, arraché des bras d’une mère éplorée, pour être livré aux mains du bourreau Sestius. Cette ville, à qui nos ancêtres accordèrent un territoire si étendu et si fertile ; cette ville, qu’ils ont affranchie de toute contribution, malgré les droits que lui donnaient auprès de vous les titres sacrés de l’affinité, de la fidélité, de l’alliance la plus antique, n’a pas même eu le crédit d’obtenir la vie d’un de ses citoyens les plus honorables et les plus vertueux.

XLVIII. Quel sera désormais le sort de nos alliés (82) ! De qui imploreront-ils le secours ? Quelle espérance enfin pourra les attacher à la vie, si vous les abandonnez ? Viendront-ils au sénat demander le châtiment de Verrès ? ni l’usage ni les attributions du sénat ne le permettent. Auront-ils recours au peuple romain ? le peuple s’excusera facilement ; il dira qu’il existe une loi protectrice des alliés ; que c’est vous, juges, qu’il a chargés de la faire exécuter et d’en poursuivre les infracteurs. Ce tribunal est donc leur seul asile ; c’est leur port, leur forteresse ; c’est l’autel qu’ils doivent embrasser. Ils ne s’y présentent pas, comme ils l’ont fait tant de fois, pour redemander leurs propriétés ; non, ils ne réclament point aujourd’hui l’argent, l’or, les étoffes, les esclaves, ni les décorations de leurs villes et de leurs temples. Ils craignent, dans leur simplicité, que ces rapines ne soient tolérées, peut-être même autorisées par le peuple romain. Depuis bien des années, en effet, nous souffrons, et nous voyons en silence quelques individus absorber l’or de toutes les nations ; et nous paraissons d’autant mieux y consentir et le permettre, qu’aucun de ces déprédateurs ne se cache,