Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passés en son nom, et c’était entre ses mains que les fermiers avaient payé.

L’affaire n’offrait aucune difficulté ; cependant les deux parties demandèrent des arbitres. Une formalité préalable devait être remplie. Dans les discussions de propriété, les adversaires, avant de s’appeler en justice, assemblaient leurs amis, et faisaient une descente sur les lieux. Après y avoir plaidé réciproquement leurs droits, le réclamant portait sa plainte devant le préteur, comme ayant été dépossédé par violence. On distinguait deux sortes de violences, la véritable et la simulée : vis vera, vis simulata. Il y avait violence véritable, lorsque des hommes rassemblés, armés ou non, chassaient quelqu’un du terrain qu’il revendiquait. La violence simulée avait lieu quand deux individus, après avoir soutenu sur un terrain en litige leurs prétentions mutuelles, ne se prêtaient à aucun accommodement. Tous les deux prenaient en présence des témoins une motte de terre dans le champ contesté, et la produisait en justice. Celui qui n’était pas en possession disait aux juges : « Je soutiens que le champ d’où a été tirée cette motte m’appartient ; j’en ai été chassé par violence, et je demande à y être rétabli. »

Les parties étaient convenues de remplir cette formalité. Au jour marqué, Cécina, l’héritier de Césennia, se rendit avec plusieurs amis dans le voisinage de la terre. Ebutius se présenta quelques momens après, et lui conseilla de ne pas approcher, s’il n’était pas las de vivre. Cécina et ses amis eurent envie de tenter l’aventure, bien résolus pourtant de ne pas trop s’exposer. Ils trouvèrent des satellites dans toutes les avenues. Cette rencontre ne les empêcha point de continuer leur route. Ebutius, s’étant