Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/281

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claves, ont été rassemblés et armés par Ébutius. Parmi les amis de notre client, les uns accueillent cette nouvelle avec surprise, les autres n’y peuvent croire. Bientôt Ebutius lui-même se présente au château, et déclare à Cécina qu’il a des gens armés à sa disposition, et que, s’il ose avancer, il ne s’en retournera pas vivant. Celui-ci et ses compagnons prennent la résolution de tenter l’aventure, bien décidés pourtant à ne pas trop s’exposer. Ils descendent alors du château, et se dirigent vers le domaine en question. Leur démarche paraît sans doute imprudente ; mais ce qui peut la justifier, ce me semble, c’est qu’aucun d’eux ne pouvait penser qu’Ébutius osât jamais exécuter sa menace.

VIII. Cependant des hommes armés sont apostés par Ébutius dans toutes les avenues qui conduisaient, non-seulement au domaine contesté, mais encore à un domaine voisin qui ne l’était pas. Ainsi, lorsque Cécina voulut premièrement pénétrer dans une propriété qui lui appartenait de longue date, et par où il pouvait s’approcher de plus près du terrain en litige, une foule de gens en armes lui ferment le passage. Chassé de ce lieu, il s’efforce autant qu’il peut d’avancer vers le fonds d’où, selon les conventions, il doit être expulsé par une violence simulée. Une rangée d’oliviers borde ce domaine. À peine s’en est-il approché, qu’Ébutius, se présentant avec toute sa suite, et appelant à haute voix un de ses esclaves nommé Antiochus, lui commande de tuer quiconque dépassera la rangée d’oliviers. Cécina, malgré sa prudence accoutumée, en montra cependant moins que de courage dans cette circonstance. Bien qu’il vît la troupe des hommes armés et qu’il eût entendu les paroles d’Ébutius, il avança néanmoins ; mais, dès qu’il eut dépassé la limite