Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/323

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mention d’hommes armés, et qu’ici il n’y a eu qu’un seul homme qui fût armé ? Je ne vous crois pas assez impudent pour le faire ; mais prenez garde de montrer ici encore plus d’effronterie. Et pourtant, dans le cas que je viens d’établir, vous pourriez au moins prendre à témoin tous les humains de ce que, dans votre cause, on méconnaît les premiers élémens de la langue, de ce que des hommes sans armes sont considérés comme étant armés, de ce qu’enfin l’ordonnance faisant mention de plusieurs hommes, et la violence ayant été exécutée par un seul, on assimile un seul homme à plusieurs. Mais, dans de pareilles causes, ce ne sont pas les termes qu’on examine devant les tribunaux, c’est la chose qu’ils servent à exprimer dans l’ordonnance. Nos ancêtres ont voulu, sans exception, la réparation de toute violence tendant à nous ôter la vie. Ce sont des hommes rassemblés qui d’ordinaire exécutent cette violence ; mais, fût-elle autrement exécutée, nos ancêtres ont voulu la même réparation, parce qu’elle entraîne les mêmes dangers. Suis-je en effet plus gravement outragé par tous vos esclaves que par votre fermier, par vos propres esclaves que par ceux d’autrui dont vous avez loué le bras, par votre agent que par votre voisin ou votre affranchi, par des hommes rassemblés que par des hommes venus volontairement, ou même par vos ouvriers de journée ; par des gens armés que par des gens sans armes, mais qui auraient pour nuire le même pouvoir que s’ils avaient des armes ; par plusieurs enfin que par un seul ? L’ordonnance fait connaître les moyens ordinairement employés pour commettre une violence ; si c’est par d’autres moyens qu’elle a été commise, bien que non comprise dans la lettre de l’ordonnance, elle n’en est pas moins renfermée dans l’esprit et le vœu de la loi.