Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/345

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giné, mais que même je le désapprouve ; et que, si je m’en sers, c’est moins pour me défendre que pour combattre la défense de nos adversaires. Je me crois fondé à dire que, dans l’affaire qui vous est soumise, on ne doit pas faire attention aux termes de l’ordonnance du préteur, mais au lieu qui était en litige quand il a rendu cette ordonnance ; ensuite, que, lorsqu’il s’agit d’une violence à main armée, la question se réduit à savoir, non dans quel lieu elle a été commise, mais si elle a été commise. Or, Pison, il ne vous appartient nullement d’établir, dans l’intérêt de votre défense, le cas où vous voulez que la lettre soit suivie ; puis le cas où vous voulez qu’elle ne le soit point.

XXX. Mais quelle réponse faire à ce que j’ai avancé plus haut, que, non-seulement sous le rapport de l’esprit et de l’intention, mais sous le rapport même des termes, l’ordonnance est conçue de telle sorte, qu’elle me semblait n’avoir besoin d’aucun changement ? Veuillez, je vous prie, magistrats, redoubler d’attention. Vous aurez besoin de toute votre pénétration pour apprécier, non mes vues, mais celles de vos ancêtres. Ce que je vais dire est le fruit de leurs réflexions, non des miennes. Ils ont senti que l’ordonnance du préteur touchant la violence pourrait s’étendre à deux sortes de cas : le premier, si quelqu’un avait été violemment chassé du lieu où il se trouvait ; l'autre, s’il avait été, de la même manière, éloigné du lieu où il voulait se rendre. En effet, hors ces deux cas, je n’en conçois point d’autre possible. Or, je vous prie, juges, de suivre mon raisonnement. Chasser mes esclaves de ma terre, c’est m’en chasser moi-même ; se présenter au devant de moi, hors de ma terre, avec des hommes armés, et m’empêcher d’y pénétrer, c’est, sinon m’en chasser, du moins m’en éloigner. Un seul