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XII

prendre les livres sacrés, pour y puiser, par la lecture, les saines doctrines de l’Evangile.

A l’exemple des Grecs et des Romains, qui avaient permis aux esclaves mêmes la culture des lettres, tout le monde en Arménie put se livrer à l’enseignement, et l’enseignement, devenu populaire, cessa d’être un privilége attaché au sacerdoce. Des écoles publiques se formèrent dans les villes, dans les bourgades, dans les plus petits villages ; on fonda un grand nombre de monastères, on établit des lieux de retraite où se rassemblèrent des hommes instruits et zélés qui embellirent par l’étude des sciences les pratiques religieuses du cloître.

Les moines de l’Arménie, et la plupart des instituteurs ou professeurs du temps, s’occupèrent à composer des livres ; ils apprirent des langues étrangères, pour en exhumer les productions les plus intéressantes ; ils traduisirent dans l’idiome du pays une foule d’ouvrages grecs ou syriaques, et depuis l’an 395 de l’ère chrétienne jusqu’à l’an 440, le clergé arménien ne cessa d’envoyer aux écoles célèbres d’Athènes et d’Alexandrie un essaim de jeunes abeilles qui enrichirent leur patrie des trésors amassés dans leurs doctes excursions.

Cette direction donnée aux études nous a conservé un grand nombre de manuscrits originaux et de traductions d’ouvrages importans faites en Arménie depuis le 4e siècle : telles sont les chroniques entières d’Eusèbe de Césarée, dont nous n’avions qu’une faible partie ; telles sont encore les œuvres de Philon le juif, que les membres de l’Académie Arménienne de Venise