Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/126

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nous sommes presque tous des pères de famille, nous avons fait une révolution, et pendant que nous nous battons aux avant-postes pour en défendre les principes, vous discutez des éternités, pour rendre le moins possible des hardes que nous avons au Mont-de-Piété ! Vous vous occupez des intérêts des actionnaires de ceci et de cela, qui sont en ce moment à la campagne ou ailleurs, qui ne nous ménageront pas si nous sommes vaincus ; et pendant ce temps-là, nos femmes vivent dans les transes qu’on leur rapporte leur homme tué ou blessé ; les trois quarts du temps, elles n’ont pas seulement de quoi faire bouillir la marmite, et les enfants qui ne mangent pas à leur faim, sont le derrière tout nu et les manches pareilles !

— Très bien ! firent les autres délégués.

Un vieux de la vieille qui avait deux balafres, l’une à la joue et l’autre au cou, me dit en me les montrant : Citoyen, voilà mes états de services révolutionnaires, j’ai toujours étrenné, moi ; j’ai reçu ça en Juin 1848, à la barricade du faubourg Antoine, et çà sur le boulevard, au coup d’État. Eh bien, cette fois encore, je voudrais bien que ça soit pour quelque chose.

Qu’avais-je à répondre ?

— Nous ne comprenons réellement pas, continua-t-il, que vous hésitiez encore à prendre des mesures énergiques et que vous mettiez toujours en avant la pénurie de vos finances. Vous avez la Banque ; eh ! nom de dieu de nom de dieu ! faites une trouée dedans, et s’ils ne sont pas contents, nous sommes là !