rien fait pour encourager à l’oubli et à l’apaisement, et sera la meilleure conclusion que je puisse donner à ce premier chapitre.
Qu’y a-t-il de changé, je vous le demande, au sort de ceux qui attendent leur pain d’un salaire quotidien ? Ceux-là n’ont-ils pas à supporter encore des crises et des chômages qui les réduisent à la dernière des misères ?
Ne sont-ils pas obligés, comme aux plus mauvais jours de la monarchie et de l’empire, de recourir à tous les expédients pour nourrir leur famille ? Les statistiques ne nous révèlent-elles pas tous les ans que les Monts-de-Piété sont encombrés de petits paquets et d’outils ? Avons-nous oublié qu’en 1879, l’année du grand hiver, il y avait, dans ces mêmes Monts-de-Piété, plus de 80,000 couvertures de lit, et qu’il y en a tous les hivers autant, si ce n’est plus ?
Ne sont-ce pas toujours les mêmes courses effrénées au pain de quatre livres ? Ne s’en va-t-on pas encore, la casquette à la main, et de porte en porte, implorer du travail ? Ne passe-t-on pas par les mêmes privations pour arriver à payer son terme, et n’a-t-on pas à subir les mêmes rigueurs si l’on n’y parvient pas ?
Les capitalistes se montrent-ils moins cruels à l’égard des travailleurs ? La rapacité des hauts-barons de la finance et de l’industrie n’est-elle pas toujours la même ? Le travail a-t-il cessé d’être la vache à lait du capital, et l’actionnaire la sangsue du producteur ?
Les ouvriers ont-ils le droit de se coaliser pour