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Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/27

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Sensations de Nouvelle-France

aurais supposé plus de flair. Car enfin, êtes-vous, oui ou non, l’homme de vos livres, c’est-à-dire un chercheur d’inédit, un extracteur de quintessences, un écrivain sans cesse à l’affût de matières à dissertations genre Disciple, tout cela pour être enchâssé sous la couverture saumon de rigueur à 3 fr. 50. Mais, mon bon, nous avons de ces choses à revendre en ce pays. Le Canada ! mais c’est la dernière note tant soit peu pittoresque dans toute l’uniformité grise et terne de l’Amérique du Nord, et il me semble que, si j’étais auteur, je n’aurais guère à me battre les flancs bien longtemps, ainsi que vous faites dans votre vieille Europe, pour trouver ici le sujet d’un livre, soit poésie, roman, ou humour.

« Ah ! l’humoriste, surtout, quelle veine pour lui ! On parle du soleil du Midi, et de ses effets exhilarants sur les têtes chaudes des Provençaux. Mais il faut voir le soleil du Nord ici à l’œuvre, et comme, dans les blancs resplendissements de nos hivers, et les embrasements torrides de nos étés, ce diable de soleil vous a comme cela une façon de faire sourdre de partout de nouveaux Tartarins, qui rendraient des points — et des fameux, encore — à leur célèbre aïeul de Tarascon. Ah ! Daudet, pends-toi vite de dépit, toi qui n’a pas découvert le Canada.