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Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/49

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Sensations de Nouvelle-France

de la Douane. Et toute cette vétusté, je le répète, est douce et reposante, car l’œil se fatigue à la longue du toujours neuf, du toujours fraîchement peint et décoré de la plupart des villes d’Amérique.

Là-bas le St-Laurent, dont je puis enfin apprécier, de cette hauteur, l’infinie majesté, pas du tout surfaite, réellement, par les racontars de touristes. Les flots, activés en ce moment par le reflux, descendent devant la ville en une lourde nappe verdâtre, — d’une lourdeur d’eau de mer puissante et irrésistible — puis s’épandant brusquement, à l’extrême pointe, en une Méditerranée toute bleue, encaissée entre l’île d’Orléans et la masse sombre des Monts Laurentiens, commencent ensuite pour de bon leur course vers l’Océan, reculant, élargissant sans cesse leurs rives, que dis-je ! flots d’Océan eux-mêmes, puisque l’habitant du pays, impressionné par les proportions extraordinaires de son fleuve-roi, l’appelle tout simplement « la mer ».

Le paquebot, portant la malle d’Europe, vient d’être signalé, et soudain un coup de canon parti de la citadelle — sur un escaladement de rochers, plus haut, toujours plus haut — a confirmé la nouvelle. Les ferries, faisant le service avec Lévis, sur l’autre rive, passent et re-