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Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/52

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Sensations de Nouvelle-France

champs cultivés, l’on plonge en pleine forêt primitive, et c’est de suite le désert des temps préhistoriques, l’infinie profondeur des conifères du Grand Nord, aux ramures si serrées que la lumière en-dessous y est éternellement verte et blafarde. Et il y en a comme cela des lieues, et des lieues. Si l’on se dirige vers le septentrion, c’est par centaines de lieues qu’il faut compter. Un simple détail géographique rendra mieux ici ce que je viens de tenter d’exprimer. Le nom de « Province de Québec », qui désigne la patrie par excellence des Canadiens-Français, n’évoque parmi nous en Europe qu’une idée de département quelque peu agrandi, ou tout au plus de quelqu’une de nos anciennes provinces, par exemple l’Anjou, la Saintonge, ou la Normandie. Eh ! bien, cette Province de Québec est à elle seule plus grande que la France tout entière, et, comparée au reste du Dominion, elle entre à peine pour un douzième dans le total de la superficie du pays.

La fierté du citoyen des États-Unis s’alimente beaucoup, on le sait, du fait du démesuré, du colossal de son pays. À la longue cela a produit