Aller au contenu

Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
Sensations de Nouvelle-France

Pour ne parler, entr’autres, que de l’une de ces causes multiples — l’influence des choses extérieures — on sait à quel point le sol, le climat, et la configuration d’un pays, influent sur la genèse de la nation qui l’habite. Il semble même que ce soient ces grandes lignes géographiques qui, souvent, aident le mieux le touriste à tracer ses premiers portraits de surface, j’entends par là ceux qui résultent des premiers chocs d’arrivée. Et cela est tout-à-fait logique, car, forcément, l’âme humaine s’imprègne à la longue de tout ce qui se dégage de la nature ambiante, et finit par former avec celle-ci une entité homogène et irréductible.

N’est-il pas évident, par exemple, que l’aspect généralement grave et recueilli de la nature canadienne devait bien vite mettre une sourdine à l’antique gaieté normande, venue du doux pays qu’arrose la Seine ? Et n’y aurait-il pas là, par hasard, nouveau motif à invoquer, pour s’expliquer l’air de détachement, d’insouciance, et de passivité, répandu ici sur la plupart des physionomies ?

Au Canada, en effet, rien qui rappelle les