Page:Clarac - Musée de sculpture antique et moderne, 1841.djvu/23

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ouvrage sur Pompéi, qui devait faire sa gloire, celle de cette ville si curieuse, et être si utile aux études archéologiques. Ce ne fut qu'à force de persévérance, de talent et de courses que ce jeune et habile architecte, à qui Pompéi devrait un monument, et que devraient chérir les mânes de ses habitans qu’il rappelait, pour ainsi dire, à la vie ; ce ne fut qu’au prix de mille fatigues qu'il recueillit, malgré toutes les surveillances, de côtés et d’autres, une quantité de mesures et de petits dessins faits à la dérobée, et que les gardiens, qu’il flattait ou qu’il intimidait, ne regardaient que comme des bagatelles de peu d’importance qui ne chargeaient que légèrement leur conscience, que Mazois, vivant de rien, n'avait guère le moyen de rassurer d'une manière plus efficace. Partout où il dessinait et où il mesurait, et que de fois n’en ai-je pas été le témoin, en l'aidant à détourner et à tromper les gardiens, il s’assurait par de petits repères de l’endroit où il avait laissé son travail ; quelque temps après il y revenait et le reprenait, puis il réunissait tous ces dessins épars et formait un ensemble de chaque monument. Enfin il en recueillit une quantité si considérable, qu’il fut en mesure d’exécuter son grand projet et de commencer son ouvrage sur les ruines de Pompéi. Force fut alors, mais avec bien des regrets, à l’académie d'Herculanum de lui permettre de dessiner partout, et j’eus bien à me féliciter d'avoir été un moment le complice de ses vols si intéressans et si innocens, qui m’ont fait tant d’honneur, ainsi qu’aux antiquités qu’il illustrait par ses recherches et par ses talents. S’il vivait encore, ce bon Mazois, il ne manquerait pas de s’unir à moi et de témoigner sa vive reconnaissance au nom des arts, des artistes et de Pompéi, à cette reine charmante qui régnait alors à Naples, et qui encouragea avec tant de zèle les efforts de Mazois, moins encore par son auguste protection que par sa sensibilité, son goût éclairé, et son aimable et constante affabilité. Et quel heureux élan n’imprimait elle pas aux fouilles de Pompéi, dont, en peu d’années, elle rendit, pour ainsi dire, plus de parties importantes à la lumière qu’il n'y en avait eu d’exhumées des cendres du Vésuve depuis la découverte de cette ville engloutie ! C’est à sa voix, et on peut le dire sans figure et au positif, car, sans cesse honorant, et des journées entières, à l’ardeur du soleil, les fouilles de Pompéi, elle excitait de la voix et du geste la foule des ouvriers, et nous en avons eu jusqu’à sept cents, les animait par sa présence et [XX]