Page:Clarac - Musée de sculpture antique et moderne, 1841.djvu/27

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une foule de difficultés ont retardé l'entière publication. Il était à propos aussi de me justifier dans le cas où il me serait impossible de publier toutes les statues antiques de l'Europe ainsi que j'en avais le projet ; si je ne puis parvenir à les compléter, et il est à craindre qu’il ne puisse guère en être autrement, on saura que ce n'est pas à moi qu’il faut s’en prendre et que je n'ai rien négligé de ce qui dépendait de moi pour que mon Musée fût tout à fait européen.

Cette idée de musée qui offrirait toutes les statues de l’Europe n’est pas si effrayante qu’on pourrait le supposer. Le mot toutes, on le pense bien, ne peut pas avoir ici une acception tout à fait mathématique, mais on l’étend jusqu’à des statues qui ne méritent même que quelques regards ; car il en est un grand nombre qui, mutiIées ou mauvaises, sans intérêt par leur sujet, répétées à satiété, n'ont quelque prix que pour leur propriétaire et pour le jardin ou le lieu qu’elles sont censées décorer, et du reste, elles ne valent pas la peine qu’on s’y arrête. Combien n'y en a t il pas en Italie de ce genre, et auxquelles on ne fait guère plus d'attention qu'à des troncs d’arbre ou à des bornes, qu’elles remplacent. Lorsqu'on les connaît, il suffit de les indiquer, et peut être même est ce assez inutile. Il en est une foule d’exemplaires, qui se ressemblent telIement qu’ils paraissent faits au même moule ou d'après le même modèle, à quelques plis ou à la conservation près. Donner le dessin d’une de ces statues d’un ordre très-inférieur et du même type, c’est les faire connaître toutes. On pourrait donc, sans aucun scrupule, élaguer cette foule de statues pareilles, qui ne comptent que pour le nombre, de l’idée d'un musée antique européen ; une seule, dans cette assemblée, les représenterait toutes, et l’on n'aurait qu’à indiquer les endroits où se trouvent ses répétitions. Mais le nombre des statues antiques qui composent les musées publics, les grandes collections particulières ou qui, dans quelques villes, décorent les places, n’est pas, à beaucoup près, aussi considérable que se le figurent bien des personnes qui n'ont pas étudié ce sujet d'une manière spéciale. Les statues exposées en plein air ne sont qu’en petit nombre, et, à l’exception de quelques unes de grand mérite qu'on cite à Florence, à Rome, et qu'on regrette de voir ainsi livrées à tous les vents, on n'y trouve que de très médiocres productions. Si elles en étaient dignes, elles obtiendraient les honneurs des musées ou des col- [XXIV] lections,