Page:Clarac - Musée de sculpture antique et moderne, 1841.djvu/35

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nieuse dans toutes ses proportions et plus pure. Il faut que les artistes, aient fait non seulement un choix parmi ce qui journellement s’offrait à leurs yeux de plus beau, mais qu'ils l'aient encore, pour ainsi dire, perfectionné et rectifié. Cette dernière expression serait certainement exacte, car on voit que, dans le type de beauté de haut style adopté pour les divinités, l’on a rapproché le plus possible une partie du profil, le nez et le front, de la ligne droite, légèrement infléchie, et qui produit les contours les plus simples et les plus calmes, tels qu’ils convenaient à des êtres au-dessus de la nature humaine, et dont aucune passion ne pouvait altérer la beauté, que l'imagination ne pouvait représenter qu’en exagérant celle que le ciel avait accordée à l’homme, et qui n'était, pour le génie poétique de l’artiste, qu'un reflet de la beauté divine.

Les médailles ou les monnaies nous offrent donc les princes tels ou à peu près tels qu’ils étaient ; c’étaient des portraits qui avaient cours, répandus partout et que chacun devait reconnaître. L’exactitude de la ressemblance pouvait être de quelque importance. Le graveur était tenu de la reproduire ; c’étaient des objets de commerce plutôt encore que des objets d'art. Il n'en était pas ainsi de ces mêmes têtes reproduites par la gravure sur pierre fine et la statuaire en marbre et en bronze. On voit qu'en général la glyptique flattait la ressemblance, la caressait pour ainsi dire, et l’embellissait, et qu’elle tenait encore plus à la beauté qu’à la parfaite exactitude des traits et à la vérité. Il en était de même de la statuaire, de celle qui, née dans les temples, n’était presque consacrée qu’aux dieux ou aux héros. Elle tendait toujours à relever la nature humaine, à l’embellir et, en y mettant un peu d’idéal, à l’ennoblir, et à rapprocher les portraits qu'elle avait à reproduire des types que lui offrait son imagination. N’entrant pas dans les détails minutieux de la nature qu'elle avait sous les yeux, elle n’en saisissait que le grand ensemble et le caractère principal, pour ainsi dire la partie essentielle, l'esprit ; c'était ce qu'elle jugeait digne de passer à la postérité et de plus propre à donner une juste idée des personnages immortalisés par son ciseau. Elle les traitait comme l’histoire, à grands traits et sans descendre aux détails des mémoires secrets. L’honneur d'une statue, grande récompense de la reconnaissance publique, était chez les anciens une sorte d’apothéose, il associait aux dieux celui qui l’avait méritée, dans tous les lieux où [XXXII]