Page:Clarac - Musée de sculpture antique et moderne, 1841.djvu/42

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été transmises par les productions des arts, on pourra les rapprocher des artistes de leur temps dont les auteurs anciens nous ont conservé les souvenirs et les époques ; et nous les suivrons avec regret dans l’énumération des ouvrages que le temps nous a ravis. Toutes ces belles productions ne nous apparaîtront, il est vrai, que comme de brillans rêves, et ils ne servent qu'à nous faire entrevoir et les richesses immenses de l’antiquité, et nos pertes en ce genre. Mais cependant l’imagination peut s'y complaire et s’essayer à recréer une partie de ces trésors des arts, et à rendre aux siècles où ils ont fleuri tout leur éclat. Mais ils en sont en partie dépouillés par l'ignorance où nous sommes des époques d'un grand nombre d'artistes. Il est à croire, au reste, pour l'honneur de Pline et de Pausanias, qu'ils n'en savaient pas plus que nous à cet égard, puisque si souvent, en passant en revue les statues et les tableaux dont ils font l'éloge, ils gardent le silence sur les artistes qui les ont mérités, ou bien ils ne nous disent rien sur le temps où ils ont vécu. On ne peut guère espérer de faire mieux que ces écrivains et de soulever le voile qu'ils n'ont pas même cherché à entrouvrir. Cependant plus d'une fois d'heureux rapprochemens tentés par la sagacité de la critique ont fait découvrir ou des choses que n'avaient pas entrevues les anciens, ou des erreurs où ils étaient tombés. Quelquefois, peut être, avec l'aide des savans qui ont traité ces sujets, pourrons nous rendre à leurs époques des artistes ou des ouvrages sur lesquels les auteurs, faute d’indications claires, nous ont laissés dans l'indécision, et quelquefois aussi serons-nous assez heureux pour donner un nom à des ouvrages anonymes, ou dont on ne nous a pas indiqué l'auteur.

Auprès du recueil des statues antiques, celui des statues modernes sera peu considérable, bien que cependant celles du Louvre et des Tuileries soient assez nombreuses : ce sont celles auxquelles se bornera le Musée de sculpture, et on les y trouvera toutes, tant celles de la galerie d'Angoulême et de diverses salles du Louvre, que les figures qui décorent les jardins des Tuileries. Une partie de ces statues sont de nos meilleurs maîtres, et, en les comparant avec les antiques, on verra comment, selon les différentes époques et les principes qui ont dirigé notre école de sculpture, elle s'est éloignée ou rapprochée de ceux des anciens. Parmi ces productions du ciseau français, on en trouvera plus d'une qu'ils n'eussent pas désavouées, et qui, si elles ne [XXXIX]