Page:Claretie - Émile Augier, 1882.pdf/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je me rappelle encore quelle tempête éclata dans la salle lorsque, par les lèvres de Got, le héros de M. Augier, André Lagarde, jeta à ces spectateurs frémissants cette phrase qui semble aujourd’hui une terrible prophétie : « Il vient un jour où les vérités méconnues s’affirment par des coups de tonnerre ! » Le moraliste devinait juste ; le satirique, comme tous les poètes, voyait de loin l’orage venir. Mais, en vérité, la foudre a frappé trop fort.

Les censeurs avaient beaucoup taillé dans la Contagion.

Émile Augier a toujours eu maille à partir avec la censure. Elle lui reprochait dans Diane de pousser aux allusions politiques violentes ; elle lui demandait dans la Pierre de Touche de couper des maximes qu’elle trouvait subversives : « Le riche, dans les desseins de Dieu, n’est que le trésorier du pauvre, » ce qui est d’un évangélisme admirable ; elle interdisait, un moment, le Mariage d’Olympe ; elle coupait des strophes entières dans l’opéra de Sapho, écrit pour Gounod ; elle signalait, chose étrange, une scène de la Jeunesse ou un des personnages « se déclarait légitimiste « ; elle voulait que dans les Lionnes pauvres, l’auteur « défigurât »,