Page:Claretie - Émile Augier, 1882.pdf/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande voix de Flaubert crier : Bravo ! et je vois l’auteur de Madame Bovary se démener aux fauteuils d’orchestre, enthousiasmé par cette ironie presque féroce. Augier a écrit, en guise de préface au Théâtre de Labiche, quelques pages qui ont été pour beaucoup dans l’élection de son ami à l’Académie française. Là, comme en toutes choses, il a dit le mot juste et définitif.

M. Émile Augier a aujourd’hui soixante-deux ans ; c’est un homme de haute taille, la poitrine large, fort, et marchant dans la vie d’un pas solide. Il observe et sourit à la fois. On sent en lui l’analyste et le railleur. Le regard très franc interroge, mais rien de sévère, un grand air de bonté. Le nez est grand, la barbe grise, le front solide et bien coupé, dégarni déjà. Il y a du Béarnais dans cette nature ferme et mâle, et ce n’est pas la première fois que l’on compare M. Émile Augier à Henri IV.

J’ai dit qu’il fuyait le bruit, les réclames ; il doit trouver, lui qui a sa large part de soleil, qu’en ce monde, les meilleures places sont à l’ombre. Il aime la vie silencieuse et retirée ; il la mène le plus qu’il peut entre sa femme, qu’il appelle son meilleur ami et conseiller, ses