Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/154

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même le dévouement qu’on doit à ce chiffon sous lequel on meurt. Et il se donnait aussi l’illusion de marcher vers quelque but utile. Ce n’était plus seulement une manœuvre ordinaire, quelque chose comme une promenade militaire par les sentiers ou sur les crêtes. Non, il se figurait volontairement, par une sorte de suggestion qu’accélérait sa marche, il s’imaginait qu’il allait à une expédition commandée, là, sur la frontière. Et il n’eût pas marché avec plus de résolution si, au bout du chemin, il eût dû recevoir le coup de feu de l’ennemi.

Cela lui plaisait maintenant de savoir ce qu’étaient devenues ces couleurs et de rendre leur gaîté aux hommes en les hissant de nouveau dans le plein ciel. Et les cinq chasseurs, derrière lui, marquaient le pas allègrement comme une