Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dessus de sa tête, entendu, tout à l’heure le capitaine Salvoni lui dire : « Ne vous donnez pas la peine, camarade : j’ai de mes hommes en bas ! » Tout à coup, comme le cadavre arrivait là, une voix, très mâle, un peu étranglée, cria, dans le grand silence religieux :

— Présentez armes !

Et les compagnons, les soldats du capitaine Deberle aperçurent debout sur la crête italienne, devant ses soldats en rang, Salvoni qui, de son épée nue où le couchant mettait un reflet rose, saluait le cadavre du héros et le drapeau arraché au gouffre.

La lumière du soir grandissait ces Alpins d’Italie dont les silhouettes se détachaient, là-haut, comme géantes, avec leurs plumes d’aigles et leurs carabines