Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/55

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Les deux hommes se regardaient avec une courtoisie curieuse. Deberle, mince, blond, élégant, se tenant droit devant ce grand diable au nez d’aigle, avec des cheveux d’encre et un teint bronzé, de beaux nœuds hongrois en galons d’argent sur la manche. Et chez l’un et l’autre, très visible dans l’attitude des deux officiers, le même sentiment de rivalité chevaleresque, avec le contentement d’une occasion rompant la monotonie du service, donnant au devoir quotidien le piquant d’une aventure.

Oui, sur ce pic, là, dans la solitude et le silence, près des neiges, loin de tout ce qui est la vie commune aux autres hommes, ils allaient fraterniser un moment, ces chasseurs aux uniformes différents, envoyés là pour s’entre-regarder de façon presque hos-