Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/87

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que d’une frontière à l’autre les clairons ou les canons des deux nations s’entendaient, c’était un duel de poudre et de fanfares. Les cuivres, des deux côtés des Alpes, sonnaient allègrement leurs marches nationales. Rivalité de toutes les heures, affirmées tantôt par des chevaleresques saluts, tantôt par des airs de bravade dissimulant la haine. Mais aujourd’hui, là, devant ces couleurs, les Alpins de France eussent été heureux de répondre par quelque manifestation où leur vanité de soldats, de grimpeurs de pics, eût été caressée par quelque improbable escalade, quelque folie vaillante, répliquant ainsi à cet étendard hissé en plein ciel.

— Ils nous embêtent avec leur drapeau !

C’était le mot de la compagnie, et Deberle sentait, ses officiers