Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/113

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beuse, j’ai trouvé un courant limpide. — À travers les roseaux j’ai plongé jusque sur un lit du gravier le plus pur, sillonné par l’ombre fugitive des poissons argentés qui passent entre deux ondes comme un trait, — comme une barque qui a mis toutes voiles dehors, — comme une navette qui courroit sans repos de la main droite à la main gauche, de la main gauche à la main droite de Neptune. — Le brouillard s’est déchiré, et la cime des monts, pareille à une armure gigantesque dorée par les flammes du soleil, au fond de la gerçure ouverte dans la brume, s’est offerte à mes yeux. — Au travers de cette vapeur d’eau bouillante, mon regard a philtré, et la ville assise sur la colline et la forêt étalée dans la plaine, qu’elle céloit, m’ont enfin apparu dans toute leur beauté.

J’aime cette franchise et ce cri. — Je les crois, je les sens sincères.

Oui ! continue Borel, il y a un destin ! Oui, il y a une Providence pour l’Humanité et pour l’homme ! Non ! les méchants ne triomphent pas sur la terre ! Non, sur la terre chacun reçoit le salaire de ses œuvres. Non, il n’y a pas besoin d’une seconde vie pour redresser les torts de la première, — pour faire la part du juste, et refaire la part du méchant. — Rien ici bas ne demeure impuni !

Puis, après Diderot, il ajoute :

Les bons qui souffrent ne sont des bons qu’en