Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/139

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Sans espoir je me jette aux pieds d’une statue
Dont le regard sans flamme avive mes douleurs.

M’a-t-elle vu jamais, à l’heure où je frissonne
Criant sous l’ongle aigu de l’âpre adversité,
Porter envie à tous et secours à personne,
Et mettre à nu mon cœur vide et désanchanté ?

Ai-je, méprisant l’art, dans un jour de colère,
Méconnu sa puissance et nié qu’il soit fort ?
Ai-je dit que la gloire étant un vain salaire,
Aucun but ne valait la peine d’un effort ?

L’ai-je, un seul jour, contrainte à rhythmer la louange ?
Mieux vaudrait dans sa gorge étouffer ses accents
Que de lui voir jeter comme un œuf dans la fange
Sa pensée indécise aux banquets des puissants !

Je suis fier d’avoir pu maintenir à distance
Des pacages d’autrui mon Pégase affamé,
Et d’avoir su toujours pourvoir à sa pitance,
Sans prendre un grain qui n’ait dans mon âme germé !


Le reste manque. Mais les deux vers suivants, retrouvés dans ses papiers, se rapportent sans doute à cette pièce :

Le cliquetis du chiffre et le son des piastres
Lui font ce lourd sommeil léthargique et mortel.


La date manque également. Cette Lé-