Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/59

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Et moi, plus qu’une enfant, capon, flasque, gavache.
  De ce fer acéré
Je ne déchire pas avec ce bras trop lâche
  Mon poitrail ulcéré !
Je rumine mes maux : mon ombre est poursuivie
  D’un regret coutumier.
Qui donc me rend si veule et m’enchaîne à la vie ?…
  Pauvre Job, au fumier !


Une dernière citation pour bien faire connaître cette poésie rabique, un fragment de la pièce intitulée Heur et Malheur.


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C’est un oiseau, le barde ! il doit rester sauvage ;
La nuit, sous la ramure, il gazouille son chant ;
Le canard tout boueux se pavane au rivage,
Saluant tout soleil, ou levant ou couchant.
C’est un oiseau, le barde ! il doit vieillir austère,
Sobre, pauvre, ignoré, farouche, soucieux,
Ne chanter pour aucun, et n’avoir rien sur terre,
Qu’une cape trouée, un poignard et les cieux !
Mais le barde aujourd’hui, c’est une voix de femme,
Un habit bien collant, un minois relavé,
Un perroquet juché, chantonnant pour madame,
Dans une cage d’or, un canari privé ;
C’est un gras merveilleux, versant de chaudes larmes
Sur des maux obligés après un long repas,
Portant un parapluie, et jurant par ses armes,