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Page:Claretie - Victorien Sardou, 1883.djvu/25

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C’était si bien compris que Sardou en resta là. Il entra et sortit du journalisme, du matin au soir. On retrouvera son unique article de salonnier dans la collection de l’année 1852.

Découragé pour jamais du métier de gazetier, Sardou tira parti de son érudition. Il travailla pour les Dictionnaires, collabora à la Biographie générale de Firmin Didot. Il savait jusqu’en ses replis la Réforme, Erasme, Cardan. Il remuait des monceaux de livres, dans les bibliothèques, pour écrire vingt lignes concises et profondes. Il logeait alors, avec un ami, quai Napoléon, dans une mansarde, comme Bonaparte aux heures affamées. M. Huillard-Bréholles lui trouva un élève, un petit Égyptien, fils d’un Français, le colonel Selve, passé au service de la Porte, et d’une musulmane : — un enfant élevé dans le harem et transplanté en plein Paris, avec M. de Luynes pour correspondant, un être à demi-mahométan, à demi-chrétien, à qui Sardou enseigna l’antiquité et faisait expliquer le De Officiis. Cette éducation dura deux ans. Sardou recevait cinq francs tous les deux jours pour lui inculquer l’esprit moderne. Il a grandi, l’élève de Sardou : Il est, paraît-il, là-bas, un des plus féroces