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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/199

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le combat.

qu’à Paris, Blücher n’eût pas négligé d’agir ainsi, cette poursuite passerait pour le chef-d’œuvre du genre.

Ces marches ne fatiguant guère moins le poursuivant que le poursuivi, le vainqueur n’y doit recourir qu’alors que l’armée vaincue est déjà si affaiblie, que quelles que soient la valeur de son chef et l’importance des renforts qui la peuvent rejoindre, on n’a aucun retour offensif sérieux à redouter de sa part. Dès qu’il est applicable par contre, le procédé décuple la puissance de la poursuite ; le sentiment d’une perte certaine s’empare de l’armée battue, toute force morale l’abandonne, et désormais incapable d’aucune résistance consécutive, elle laisse chaque jour sans combat des milliers de prisonniers tomber aux mains du vainqueur.

C’est alors que pour entraîner dans le torrent tout ce qu’il peut atteindre, celui-ci n’a plus à craindre de morceler son armée. Ses subdivisions enlèvent les détachements de l’ennemi, surprennent les places fortes, occupent les grandes villes, etc., etc, etc. Bref, jusqu’à ce qu’une nouvelle situation se produise, événement qu’il retarde encore par son audace, il n’est rien que le vainqueur ne puisse oser.

Iéna, Regensburg (Ratisbonne), Leipzig et la Belle-Alliance (Waterloo), tels sont, pour n’en citer que quelques-uns parmi le grand nombre qu’en présentent les guerres de la Révolution et de l’Empire français, de brillants exemples de grandes victoires, rehaussées encore par l’énergie de la poursuite.