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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/399

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les forces armées.

même la retraite. En effet, à égalité de forces physiques et morales, on ne peut virtuellement arriver à ce résultat que si l’on dispose de lignes de communications plus fortes que celles de l’ennemi, sans quoi il suffit à l’adversaire menacé d’agir de réciprocité en dessinant la même menace, pour se mettre aussitôt à l’abri.

En raison de la double signification qu’ont ces lignes, on peut, en les tournant, se proposer deux buts essentiellement différents. On peut avoir en vue de couper virtuellement la retraite à l’ennemi, ou chercher au contraire à le forcer à rétrograder en interrompant ou en troublant ses communications, et en l’exposant ainsi à périr de misère par la privation de ses moyens d’alimentation.

S’il ne s’agit que du second de ces buts, il convient de se rendre compte qu’en raison de ce que maintenant les armées se procurent sur place la plus grande partie des objets nécessaires à leur subsistance, une interruption momentanée des communications ne saurait produire un résultat vraiment sensible, et qu’il faut par conséquent que cette interruption soit de longue durée, afin de compenser, par la répétition constante des pertes que l’on cause à l’ennemi, le peu d’importance que ces pertes ont chacune individuellement. Autrefois, quand pour subvenir au système artificiel d’approvisionnement alors en vigueur, des milliers de fourgons de vivres parcouraient incessamment les lignes de communications des armées, une action de flanc isolée pouvait avoir des résultats décisifs, mais aujourd’hui, alors même qu’elle réussirait parfaitement, une pareille opération ne produirait tout au plus que la capture d’un convoi, ce qui ne causerait à l’ennemi qu’un affaiblissement partiel et ne l’obligerait jamais à la retraite.

Les entreprises sur les communications de l’ennemi, qui autrefois déjà étaient bien plutôt de mode scolas-