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la défensive.


10o Les places fortes constituent des centres pour le soulèvement des populations.


En principe, dans une guerre de soulèvement national les armes, les vivres et les munitions ne peuvent être l’objet de distributions régulières, et c’est précisément ce qui constitue l’un des caractères spéciaux de ce genre de résistance, qu’on y subvient comme faire se peut aux approvisionnements nécessaires. C’est ainsi que se découvrent une multitude de petites sources qui, ignorées ou inexploitées dans une guerre ordinaire, viennent, en pareil cas, alimenter les forces nationales.

Or on comprend bien qu’en raison des approvisionnements de toutes sortes qu’elle renferme, une place forte importante donne plus d’ensemble et de solidité à l’action populaire.

La place constitue, en outre, un abri pour les blessés, pour les autorités dirigeantes et pour le trésor, elle sert de point de rassemblement pour les entreprises combinées, et, au cas où l’ennemi se résout à en faire le siège, elle devient le noyau d’une résistance qui place l’assiégeant dans des conditions qui lui sont d’autant plus défavorables, qu’elles sont précisément celles qui conviennent le mieux aux aptitudes et à la manière de combattre des populations armées.


11o Les places fortes aident puissamment à la défense des cours d’eau et des montagnes.


C’est alors qu’elle est située sur un grand fleuve, qu’une place forte est en état de rendre les plus nombreux et les plus importants services à la défense. La place commande alors, en effet, la navigation et le commerce du fleuve ; elle en reçoit tous les bateaux,