Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
chap. xvi. — défense des montagnes.

les troupes que la défense y place, celles-ci suffisent toujours pour affranchir le territoire des exactions, du pillage et des petites entreprises des corps de partisans. Pour arriver au même résultat en pays de plaine, il faudrait y consacrer des forces beaucoup plus considérables.

c) On peut employer ce mode d’action pour faire soi-même des démonstrations. Il se passera encore bien du temps, en effet, avant que l’opinion générale en arrive à la claire appréciation de la manière dont les terrains montagneux concourent à la défense d’un pays. Jusque-là, craintive et paralysée, l’attaque s’arrêtera fréquemment aux pieds des montagnes qu’elle saura occupées par le défenseur, et rien ne s’opposera, en pareille occurrence, à ce que celui-ci, pour augmenter encore cet effet moral, ne réunisse le gros de ses forces devant un adversaire déjà si hésitant. Contre un ennemi peu énergique et peu mobile, on pourra souvent agir ainsi, tout en ayant grand soin de ne jamais se laisser entraîner à la bataille générale à laquelle on paraîtra cependant convier l’attaque.

d) En général, un terrain montagneux se prête particulièrement à la prise de toutes les positions dans lesquelles on ne veut pas accepter de grands combats, car, nous l’avons déjà démontré, en semblable terrain, chaque partie isolée est extrêmement forte par elle-même, tandis que, au contraire, l’ensemble général des positions est relativement beaucoup plus faible. On est d’ailleurs très peu exposé à être surpris sur des positions montagneuses, ce qui éloigne encore l’éventualité de s’y voir contraint à une action générale.

e) Enfin, les montagnes constituent par excellence le terrain où se peut produire l’action d’une population soulevée contre l’envahisseur. Si le cas se présente, la défense doit soutenir les milices nationales et les habi-