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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

stater qu’il y a connexion intime et foncière entre ces deux grandeurs. On ne peut donc conclure de ce qui s’est passé en 1812, c’est-à-dire de ce qu’une armée forte au début de 500 000 hommes soit parvenue jusqu’à Moscou, qu’une armée de 50 000 combattants fournirait la même carrière envahissante, lors même que cette seconde armée aurait sur celle de la défense une supériorité numérique encore plus marquée que celle que possédaient les Français en 1812. Ce rapport constant entre la grandeur absolue d’une armée et l’espace que cette armée peut occuper étant admis, il est hors de doute que l’action affaiblissante pour l’attaque d’une retraite volontaire de la défense augmente dans la proportion de la grandeur des masses. En effet :

1o L’entretien et la répartition des troupes de l’attaque dans les cantonnements deviennent plus difficiles. Le terrain occupé par une armée peut, à la rigueur, croître en raison de l’augmentation d’effectif de cette armée, mais le pays ne saurait jamais suffire seul au service des vivres, et les convois destinés à y subvenir sont soumis à de plus grandes pertes. Quant au cantonnement, il ne peut se produire, dans de bonnes conditions, que sur une faible partie de l’espace occupé, et cette partie ne croît pas en proportion de l’augmentation des effectifs.

2o La marche en avant devient d’autant plus lente que les troupes sont plus nombreuses ; il s’écoule donc un plus long temps avant que l’attaque accomplisse sa carrière agressive, ce qui grossit la somme des pertes journalières auxquelles elle est soumise. En effet, trois mille hommes, qui en poussent deux mille devant eux, ne permettent pas à ces derniers, en terrain ordinaire, de résister parfois pendant un jour ou deux, et de ne se retirer que par de petites étapes de 1, 2 ou 3 milles (8, 15 ou 22 kilomètres) au plus. Dans ce