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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

1744 en Bohême, celle des Français en Autriche et en Bohême en 1743, celle du duc de Brunswick en France en 1792, et celle de Masséna en Portugal dans l’hiver de 1810-1811 fournissent toutes, mais sur des espaces et dans des rapports de forces beaucoup plus restreints, des exemples de l’application de ce procédé défensif. On rencontre, en outre, dans l’histoire, une quantité d’actions fragmentaires de cette espèce, dans lesquelles il convient d’attribuer au principe que nous préconisons ici, sinon tout, du moins partie du succès obtenu. Nous ne citerons pas ces exemples, parce qu’ils nous entraîneraient trop loin dans l’exposition des conditions qui les accompagnèrent.

En 1812, en Russie, de même que dans les autres campagnes que nous venons de citer, le renversement des forces s’est produit sans que la défense ait remporté une victoire décisive au point extrême de pénétration de l’attaque ; mais, alors même qu’un si grand résultat ne se réalise pas, n’en est-ce pas déjà un d’importance suffisante pour la défense, d’arriver à produire, par l’application de ce procédé, un revirement des forces qui lui rend la victoire possible, et, au cas échéant, lui permet, par cette victoire même comme par un premier choc, d’imprimer à l’attaque un mouvement dont les effets désastreux grandissent d’habitude comme s’ils obéissaient à une loi semblable à celle qui régit la chute des corps.