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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

le défenseur, ne perdant pas de vue que l’attaque ne poursuit que l’occasion d’un combat brillant mais sans portée consécutive, met toute son industrie à n’engager l’action que dans les conditions les plus contraires à la réalisation de ce projet.

On voit que, quel que soit celui de ces procédés qu’il mette en œuvre, le défenseur cherche à laisser l’initiative à l’attaque et à tirer le plus extrême parti de l’expectative. Cette tendance est rationnelle et répond absolument à la situation. Elle s’accentue nécessairement d’autant plus que la recherche de solution est moins vraisemblable, et, dans toutes les campagnes qui présentent ce caractère, elle devient la base et la directrice de toute l’action militaire, bien que celle-ci revête encore, parfois, une assez grande énergie dans les combats isolés.

Annibal et Fabius, Frédéric le Grand et Daun ont suivi ce principe dans toutes les campagnes où ils n’ont attendu ni recherché de solution.

Nous allons donc entrer dans le développement de chacun de ces contre-moyens de la défense.


premier contre-moyen.


Dans la conduite de la guerre, les choses habituelles paraissent souvent être les plus incompréhensibles. Il semble en être ainsi, au premier abord, de la mesure d’établir l’armée devant une place forte dans l’intention de garantir celle-ci des atteintes de l’attaque. Une place forte, en effet, doit être en situation de résister par elle-même. On rencontre, cependant, de si nombreux exemples de cette disposition, que sa fréquence même ne permet pas d’admettre qu’elle soit toujours le résultat d’une erreur, et qu’il convient, dès lors, de rechercher les raisons qui la justifient.