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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

Tels sont les trois procédés à opposer aux tendances habituelles d’un agresseur qui ne recherche pas de grandes solutions. On voit, en somme, que, dans l’application de chacun d’eux, la défense tend sans cesse à couvrir les places fortes, les centres d’approvisionnements et les espaces menacés par l’attaquant, en n’offrant partout à celui-ci que des combats tels qu’il les refuse toujours, soit qu’il y trouve trop d’invraisemblance de succès ou trop de dangers en cas de non-réussite, soit qu’il redoute d’avoir à y dépenser plus de forces que sa situation et le but restreint qu’il poursuit ne le comportent.

Lorsqu’un triomphe complet vient alors couronner les bonnes dispositions et l’habileté de la défense, lorsque l’attaquant, de quelque côté qu’il tourne ses regards, se voit ainsi contraint de reconnaître que, si modestes que soient ses prétentions, il doit renoncer à les réaliser, le principe offensif, pour ne pas abandonner la partie sans même s’être manifesté, a souvent recours à un dernier expédient. Ne cherchant plus que l’honneur des armes, et portant dès lors ses efforts à surprendre la défense, l’attaquant met toute son industrie à obtenir un succès tactique brillant. Un heureux engagement sans portée consécutive, la conquête de quelques canons et de quelques drapeaux, une capture importante de prisonniers peuvent encore en dernière instance, en effet, donner aux armes de l’attaque une apparence de supériorité qui sauvegarde l’honneur de l’armée, ménage la vanité du général en chef et compense même, jusqu’à un certain point, la non-réalisation des espérances de conquête du gouvernement et de la nation.

Qu’on ne nous accuse pas de contradiction ; nous restons ici dans les limites mêmes de notre supposition. C’est bien précisément parce que, en raison des bonnes