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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

en plus décisives. Dès qu’il est à supposer qu’il en sera ainsi, elle doit, coûte que coûte et par des sacrifices volontaires gradués, se tenir constamment en situation de parer à tout surcroît d’efforts de la part de l’attaque. En d’autres termes, le premier soin doit être ici d’apprécier l’œuvre à sa vraie mesure et d’y apporter l’échelle convenable.

Afin de donner plus de précision aux idées que nous venons d’exposer, nous terminerons cette étude par l’analyse sommaire d’un certain nombre de cas dans lesquels, selon nous, la défense n’a calculé ses dispositions qu’en prévision d’une énergie de beaucoup inférieure à celle que déploya réellement l’attaque.

En 1757, les dispositions prises par les Autrichiens montrèrent, dès l’ouverture des hostilités, qu’ils n’avaient pas compté sur l’extrême vigueur de l’offensive du grand Frédéric. Au courant de la campagne, ils affirmèrent de nouveau l’appréciation la plus erronée de la situation, en laissant le corps de Piccolomini immobile à la frontière de Silésie, tandis que, dans son isolement, l’armée du duc de Lorraine pouvait en être réduite à mettre bas les armes.

En 1758, les Français, pour des raisons que nous n’avons pas à examiner ici, avaient tout d’abord pris le change sur les effets de la capitulation de Kloster-Seeven. Ils se trompèrent de nouveau, deux mois plus tard, dans l’appréciation de ce que leur adversaire pouvait entreprendre. Cette erreur leur coûta le pays situé entre le Weser et le Rhin.

La défaite de Fink à Maxen, en 1759, et celle de Fouqué à Landshut, en 1760, furent, nous l’avons déjà dit plus haut, les conséquences de ce que Frédéric le Grand crut à tort en imposer par son audace même à l’action de Laudon dans le premier cas, et à celle de Daun dans le second.

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