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chap. viii. — procédés de résistance.

manifestement plus passive, et, bien que le gain de temps ainsi obtenu ne soit encore qu’insignifiant, les avantages de l’expectative grandissent néanmoins, car la bataille qui tout à l’heure était certaine l’est déjà moins, l’ennemi, en raison même de la position prise par la défense, pouvant au dernier moment manquer de la résolution nécessaire pour attaquer.

3o Le défenseur prend position comme dans le cas précédent, mais, au lieu de prévenir l’ennemi, attend que celui-ci effectue lui-même l’attaque. (Citons Bunzelwitz, pour nous en tenir au même général.)

Le défenseur livre alors une véritable bataille défensive, ce qui n’exclut nullement pour lui, nous l’avons déjà dit, la possibilité, au courant de la lutte, d’effectuer des mouvements offensifs partiels.

Dans ce troisième procédé le gain de temps est encore insignifiant mais la résolution de l’ennemi est mise à une nouvelle épreuve, et dans maintes circonstances l’agresseur, qui s’est avancé tout d’abord avec l’intention arrêtée d’attaquer, y renonce parce que, au dernier moment ou après un premier essai infructueux, il reconnaît que la position défensive est trop forte.

4o Enfin la défense poussant l’expectative jusqu’à ses dernières limites peut se mettre lentement en retraite et transporter ainsi la résistance dans l’intérieur du pays, pour n’adopter le principe de l’action que lorsque le temps et les marches, la longueur des lignes de communications de l’attaque et les garnisons que celle-ci devra nécessairement laisser sur ses derrières auront tellement affaibli l’ennemi, que se sentant désormais dans l’impossibilité de surmonter la résistance qu’on lui oppose, il renoncera de lui-même à pénétrer plus avant.

Cette manière de procéder n’acquiert toute sa valeur