Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/103

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« … Miss Fa…kl…d, une des plus belles personnes de Soho square, débuta dans la vie galante à l’âge de 15 ans. Elle fut remarquée à cette époque par un major des Black-guards qui l’enleva et la tint pendant quelque temps prisonnière dans son château du Somershire. Mais le tempérament de Messaline dont elle était douée fut la cause de sa rupture avec son protecteur, qui, l’ayant un jour surprise dans les bras de son jardinier, s’empressa de la renvoyer à Londres, non sans lui avoir royalement garni la bourse pour acheter son silence. À Londres, elle mena joyeuse vie ; elle ne négligea aucun des plaisirs capables d’assouvir les différentes passions de son âme ; préférant donc les plaisirs de Cypris aux dons de Plutus, elle rejeta les offres avantageuses qu’on lui faisait journellement ; elle se forma une société de jeunes gens roués et vigoureux qui, tour à tour, répondaient à ses désirs lascifs. Sa maison, en un mot, était devenue le palais enchanteur de la volupté ; elle traitait avec la plus grande magnificence les favoris de ses plaisirs ; elle récompensait le zèle de ceux qui n’étaient pas fortunés. Ce genre de vie sensuelle, auquel Mme W…p…le contribuait beaucoup par la gaieté et la vivacité de son imagination, l’entraînait dans des dépenses considérables ; chaque jour elle voyait diminuer les dons du feu lord ; elle s’aperçut bientôt que toujours dépenser et ne rien recevoir était le vrai moyen de se ruiner ; elle résolut donc de réparer le déficit de ses finances, sans cependant renoncer à ses plaisirs ; elle forma alors le dessein d’établir un sérail dans un genre différent des autres séminaires ; elle fit part de son projet à Mme W…p…le, qui l’approuva et lui donna des avis à ce sujet. Pour mettre son plan à exécution, elle vendit une grande partie de ses bijoux.