Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/111

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argument, ce qui désespéra tellement sa mère qu’elle crut qu’il était attaqué de paralysie. Cependant, Mme Butler, ennuyée de ne pouvoir plus tirer une parole favorable de son compère, commença à le soupçonner d’indifférence à son égard : elle remarqua que M. James lui demandait depuis quelques jours si elle avait bien des courses à faire le lendemain ; ses questions réitérées et les prévenances de sa fille pour son parrain lui firent augurer qu’il y avait de l’intelligence entre eux ; elle voulut donc s’en convaincre ; pour cet effet, elle dit un soir à sa fille, devant M. James, qu’elle sortirait le lendemain de bonne heure et qu’ayant de grandes courses à faire, elle dînerait en route. À cette nouvelle, le parrain et la filleule se regardèrent d’un œil de satisfaction, ce qui la confirma dans ses soupçons.

Mme Butler s’en alla donc de bon matin, comme elle l’avait annoncé la veille ; elle se plaça en sentinelle dans un café peu éloigné de sa maison, d’où elle pouvait tout épier ; elle vit bientôt M. James qui, d’un air joyeux, se rendait chez elle ; elle suivit peu de minutes après ses pas ; elle ouvrit doucement sa porte, entra brusquement dans la chambre de sa fille, où elle la trouva en grands pourparlers avec son parrain, car nos gens conversaient dans ce moment avec tant de chaleur qu’ils n’avaient pas entendu rentrer cette dame. À cette vue, Mme Butler se jeta avec rage sur sa fille ; elle l’accabla de malédictions, elle la traîna par les cheveux et la chassa inhumainement de chez elle. M. James voulut prendre sa défense, mais inutilement. Miss Butler, tout éplorée, allait sans savoir où se réfugier, lorsqu’elle rencontra Mme Walp…e qui, émerveillée de sa beauté, lui demanda le sujet de son chagrin, la consola et l’amena chez Miss Fa…kl…d.

« Miss Robert, âgée de vingt-deux ans, est de la figure la plus intéressante ; elle perdit ses père et mère dès l’âge le