Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/13

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conversation allait son train. Faut-il ajouter que les hommes juraient volontiers et que les Damnations, les Futitions, les Malédictions, le Ciel et l’Enfer formaient dans ces exclamations irritées les plus étranges alliances de mots qui contrastaient souvent avec un langage fort raffiné et témoignant d’une profonde culture.

Ces imprécations étaient à la mode au point que les gens polis eux-mêmes s’abordaient de la façon suivante :

« Damn ye, I am glad to see you. (Soyez damné, je suis bien aise de vous voir.) »

Ou bien :

« Damn ye, you dog, how do you do ? (Soyez damné, chien, comment vous portez-vous ?) »

Rencontrait-on un ami qu’on n’avait vu depuis longtemps, on lui disait :

« You son of a whore, where have you been ? (Fils d’une putain, avez-vous été ?) »

Et les damned revenaient sans cesse, envoyant au diable les hommes et les choses.

Il serait trop long d’énumérer toutes les tavernes où l’on rencontrait les prostituées ou bien où l’on pouvait les faire venir en chaise.

Les plus misérables ou les plus corrompues allaient à la Tête de Turc à Bow Street, ou bien parfois dans la paroisse Saint-Gilles, où il existait une taverne fameuse par le club que les filous y tenaient tous les soirs.

Les couteaux et les fourchettes y étaient enchaînés aux tables et les nappes y étaient clouées. Les, filous y observaient un certain décorum. Ils avaient, des règlements