Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/173

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me débarrasser d’un brimborion qui m’était désormais insupportable.

Phœbe, quoique plus accoutumée que moi à de semblables fêtes, ne put être témoin de celle-ci sans être émue. Elle me tira doucement de ma place d’observation et me conduisit du côté de la porte. Là, faute de chaise et de lit, elle m’adossa contre le mur et alla reconnaître cette partie où je sentais de si vives irritations. Elle fit un effet aussi prompt que celui, du feu ; sur la poudre. Alors, nous revînmes à notre poste.

Le jeune étranger était assis sur le lit, vis-à-vis de nous ; Polly, assise sur un de ses genoux, le tenait embrassé ; l’extrême blancheur de sa peau, contrastait délicieusement avec le brun doux et lustré de son amant, leurs langues enflammées, collées l’une contre l’autre, semblaient vouloir pomper le plaisir dans sa source la plus pure. Pendant ce tendre badinage, le champion avait repris une nouvelle vie. Tantôt la folâtre Polly le flattait, tantôt elle le pressait et le serrait.

Le jeune homme, de son côté, après avoir épuisé, en la caressant, toutes les ressources de la luxure, se jeta tout à coup à la renverse et la tira sur lui. Elle demeura ainsi quelques instants, jouissant de son attitude. Mais bientôt l’aiguillon du plaisir les embrasant de nouveau, ce ne fut plus qu’une confusion de soupirs et de mots mal articulés.

Il la serre étroitement dans ses bras, elle le presse dans les siens, la respiration leur manque et ils restent tous deux sans donner aucun signe de vie, plongés et absorbés dans une extase mutuelle.

J’avoue qu’il ne me fut pas possible d’en voir davantage : cette dernière scène m’avait tellement mise hors de moi-même, que ; j’en étais devenue furieuse. Je saisis Phœbe comme si elle avait eu de quoi me satisfaire. Elle eut pitié