Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/42

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« Les visiteurs du sérail de Charlotte étaient des pairs débiles, qui comptaient plus sur l’art et les effets des charmes femelles que sur la nature ; ils avaient usé leurs passions régulières, si on peut les appeler telles ; et ils étaient obligés d’avoir recours, non seulement à la pharmacie, mais encore à l’aide factice de l’invention femelle ; des Aldermans impotents et autres Lévites riches, qui s’imaginaient que leurs capacités amoureuses n’étaient pas en décadence, tandis qu’ils manquaient de force et de zèle pour pouvoir sans secours remplir leurs dévotions envers la déesse de Cypris. Charlotte considérait de telles pratiques comme des amis choisis, qui, pour posséder des vierges, oubliaient la valeur de l’or. Comme ces amoureux visaient à la jeunesse et à la beauté, elle avait toujours un magasin de vestales qui, par leurs embrassements innocents, leur procuraient un plaisir inexprimable. Kitty Young et Nancy Feathers étaient de nouvelles figures que l’on ne connaissait pas dans la ville et qui, avec une certaine préparation, pouvaient aisément passer pour des vierges ; elles jouèrent donc le rôle de vestales et donnèrent, pendant plusieurs mois, des preuves de leurs immaculées virginités.

« Voici, à cette occasion, un échantillon de l’état des prix et demandes de ce sérail :

« Dimanche, 9 janvier.
 « Une jeune fille pour l’Alderman Drybones. — Nell Blossom, âgée d’environ dix-neuf ans, qui, depuis quatre jours, n’a fréquenté personne et est dans son état de virginité.     20
guinées.