Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/69

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les mieux taillés dans la forme athlétique qu’elle avait pu se procurer : quelques-uns d’entre eux servaient de modèles dans l’Académie royale, et les autres avaient les mêmes qualités requises pour le divertissement. On avait étendu sur le carreau un beau et large tapis, et on avait orné la scène des meubles nécessaires pour les différentes attitudes dans lesquelles les acteurs et actrices dévoués à Vénus devaient paraître, conformément au système de l’Arétin. Après que les hommes eurent présenté à chacune de leur maîtresse un clou au moins de douze pouces de longueur, en imitation des présents reçus en pareilles occasions par les dames d’Otaïti qui donnaient à un long clou la préférence à toute autre chose, ils commencèrent leurs dévotions et passèrent avec la plus grande dextérité par toutes les différentes évolutions des rites, relativement au mot d’ordre de santa Charlotta, en conservant le temps le plus régulier au contentement universel des spectateurs lascifs, dont l’imagination de quelques-uns d’eux fut tellement transportée qu’ils ne purent attendre la fin de la scène pour exécuter à leur tour leur partie dans cette fête cyprienne, qui dura près de deux heures et obtint les plus vifs applaudissements de l’assemblée. Mme Hayes avait si bien dirigé sa troupe qu’il n’y eut pas une manœuvre qui ne fût exécutée avec la plus grande exactitude et la plus grande habileté.

« Les cérémonies achevées, on servit une belle collation et on fit une souscription en faveur des acteurs et actrices qui avaient si bien joué leurs rôles. Les acteurs étant partis, les actrices restèrent ; la plupart d’elles répétèrent la partie qu’elles avaient si habilement exécutée avec plusieurs des spectateurs. Avant que l’on se séparât, le vin de champagne ruissela avec abondance. Les présents faits par les spectateurs et l’allégresse des actrices ajoutèrent à la gaieté de la soirée !