Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/78

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ses affaires étaient très embarrassées et ayant donc en conséquence refusé de satisfaire aux demandes pécuniaires de Mme B…ker, elle visite maintenant les séminaires pour y rencontrer un administrateur temporaire et pour se mettre au-dessus du besoin ; elle va également dans les mascarades et autres endroits publics.

« Miss Fisher a adopté ce nom parce qu’elle s’imagine ressembler beaucoup à la célèbre Kitty Fisher, qui était, il y a quelques années, la Laïs du bon ton la plus admirée ; on ne peut refuser qu’il y ait beaucoup de rapport entre elles ; mais en vérité, nous ne pouvons pas dire que la présente Fisher possède les qualités personnelles et spirituelles de Kitty ; néanmoins elle est une fille très agréable, elle a plusieurs admirateurs, au nombre desquels se trouvent des personnes du premier rang.

« Miss H…met a la prétention de se croire petite parente de Mme Les…ham, mais nous croyons que la consanguinité est imaginaire ; il est certain qu’il y a quelque légère ressemblance de traits entre elles, elle imite cette dame autant qu’elle le peut dans son jeu, et comme Miss H…met est très vive, elle se flatte d’être engagée l’année prochaine à un des théâtres.

« Nous allons maintenant parler d’une dame qui unit le jeûne et la débauche, la religion et le vice dans un degré d’hypocrisie dont il y a peu d’exemples. Mme P… est ou prétend être la femme d’un prédicateur ambulant qui, depuis quelque temps, est enfermé par ordre de la justice ; elle est si extrêmement dévote qu’elle considère comme un péché mortel de mettre le moindre morceau de chair dans sa bouche ; mais nous ne dirons pas qu’elle l’abhorre aussi complètement que de ne jamais en goûter d’une autre manière et aussi abondamment et aussi voluptueusement que possible ; elle a, par sa rigide pénitence, obtenu le titre de