Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/99

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dans toute sa gloire ; mais il faut avouer qu’elle n’employa pas envers elle les mêmes artifices dont Santa Charlotta se servit à l’égard de Miss M…e, de B…L…, ou Mme Nelson à l’égard de Miss W…ms et Miss J…nes. Il est vrai que la négresse Harriot fut la négociatrice du traité entre Betsy K…g et le lord B…e ; mais il faut convenir aussi que Betsy fit presque la moitié des avances, car elle déclara qu’elle était fatiguée d’être à moitié innocente, puisque d’après les pratiques de ses camarades d’école, elle avait acquis une telle connaissance dans l’art de la masturbation qu’elle satisfaisait ses passions presque à l’excès ; mais ce moyen, au lieu de lui faire négliger les pensées du bonheur réel, la portait au contraire à désirer avec plus d’empressement la véritable jouissance d’un bon compagnon. Le lord B…e lui fut présenté dans ce point de vue ; comme il possédait de toutes les manières tout ce qu’il faut pour rendre une femme complètement heureuse, elle céda à la première entrevue à ses embrassements. Sa fuite jeta l’alarme dans l’école. Lorsque son oncle, qui était son plus proche parent existant, découvrit qu’elle était débauchée et qu’elle résidait dans un des séminaires de King’s-Place (pour nous servir d’une phrase vulgaire), il se lava les mains et dit qu’elle ne lui était plus rien. La passion du lord B…e n’ayant pas duré longtemps, elle se trouva dans la nécessité de prostituer ses charmes et d’admettre en sa compagnie une variété d’amants.

« Miss N…w…m est une autre Laïs favorite du séminaire de Mme Windsor. Cette jeune dame est grande et gentille, ses yeux sont très expressifs ; elle a les plus beaux cheveux du monde qui n’exigent d’autres arts que de les arranger à son avantage. Un marchand dans Lothbury la visite fréquemment et lui donne un assez joli revenu qui peut lui procurer une aisance honnête ; mais l’ambition de briller et