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DÉMOSTHÈNE

faire, dont, grâce à Lucien, nous avons le rapport. Le rapport tendancieux du bourreau sur l’exécution. L’ancien histrion ne manque pas de disposer la scène à son avantage. Il avoue, pourtant, qu’il se répandit en fausses promesses pour déterminer Démosthène à le suivre. Les amplifications de rhétorique qu’il met dans la bouche de sa victime sont manifestement de sa propre composition, mais n’attribuent à celui-ci, d’ailleurs, ni parole, ni geste qui ne soient dignes du grand vaincu. Une raillerie sur la façon dont le comédien soldat joue son rôle d’« imposteur », une comparaison d’Archias avec Créon s’apprêtant à faire jeter aux chiens le cadavre de Polynice, paraissent dans les possibilités du discours. Il s’agit d’innocenter Antipater en respectant la figure du héros qu’il n’est plus besoin de calomnier puisqu’il est mort.

D’ailleurs, les paroles d’admiration mises dans la bouche d’Antipater passent la vraisemblance. Le vainqueur de Cranon n’avait pas envoyé ses soldats à Calaurie en vue d’une apothéose. Où la vérité apparaît, c’est quand Archias avoue qu’il avait pris le parti de recourir à la violence. Ce que voyant, Démosthène :

Ne portez pas la main sur ma personne. Je ne veux pas concourir à la profanation du temple. Je vous suivrai sans résistance après avoir adoré le Dieu.