Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
DÉMOSTHÈNE

gaire par des échanges de réactions correspondant à des besoins de plus en plus élevés. Le troupeau animal est une organisation de défense issue des conditions de vie auxquelles il s’agit de pourvoir, — une élémentaire patrie mobile qui se déplace à tous moments. L’évolution mentale de l’homme a d’autres exigences. La complexité du milieu social stabilisé va croissant avec la complexité mentale de l’organisme individuel. Aucun organisme ne peut vivre sans les correspondances du milieu où il ne se développe que par des échanges d’assimilation. « On n’emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers. »

La patrie, c’est le cadre vivant des pensées, des émotivités de tout ordre qui nous assiègent de la naissance à la mort, pour une éducation synthétique de sensibilités organiquement liées que nous voudrions transmettre accrues à la postérité. Oh ! la chanson du ruisseau qui m’a connu tout petit ! soupire une poésie chinoise. Par la patrie, nous prenons rang dans un développement d’idéalisme qui nous grandit à nos propres yeux et nous entraîne à des achèvements supérieurs, originels élans de notre personnalité. La patrie fait le citoyen selon la mesure où elle peut l’installer dans une harmonie d’agrégations humaines, d’autant plus belles que les hommes seront plus éclairés. Pour ennoblir cette confédération de vies