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COSMOLOGIE

sition du système du monde la suite des explorations du ciel avec leurs résultats. Il vous sera dit que l’entrée du soleil dans la constellation du Bélier marquant, au temps d’Hipparque, l’origine du printemps, la correspondance des constellations était déjà fort différente de celle qu’on avait établie à l’institution originelle du zodiaque. Et lorsqu’il sera noté que la constellation de la Chèvre étant au point le plus élevé de la course du soleil, la Balance (qui désigne l’égalité des jours et des nuits de l’équinoxe) se trouvait à l’équinoxe du printemps, il n’y a pas moins de quinze mille ans, tandis que les constellations du zodiaque se rencontraient dans « des rapports frappants avec le climat de l’Égypte et son agriculture », des éclairs vous viendront d’horizons remarquablement lointains du passé.

Sans négliger de telles indications qui éclairent la route, gardons-nous de trop préciser avant les corroborations nécessaires. Voyez plutôt cette simple remarque, aujourd’hui courante, résumée comme suit par M. Louis Maillard dans son ouvrage de haute vulgarisation : « Admettant que la matière totale du système solaire était primitivement diffusée dans un globe dépassant de beaucoup l’orbite de Neptune, on peut calculer la quantité de chaleur qu’elle engendre à partir du zéro absolu (-273° centigrades) en se contractant sous l’empire de la gravité. Or l’âge du soleil sera inférieur ou supérieur à 18 millions d’années, si, dans les périodes révolues de sa vie, il a perdu plus ou moins de chaleur que dans son état actuel. « Dans le cas le plus favorable, la durée de l’existence du soleil n’a pu atteindre 50 millions d’années. Or, l’âge de la terre s’élève au moins à 100 millions d’années, d’après les physiciens (lord Kelvin), et même à des centaines de millions d’après les géologues[1]. » Question ! Cette citation n’a d’autre objet que de faire apparaître dans quelles mesures de temps notre imagination est appelée à se mouvoir aux champs de l’inconnu. Pauvre Cuvier, qui parfois se laissait aller à dire que la terre avait à peu près 6 000 ans !

J’ai dit qu’Aristote avait enregistré des observations chaldéennes remontant jusqu’à dix-neuf siècles avant Alexandre, et

  1. Quand la lumière fut… Lisez le chapitre « Esquisses d’une cosmogonie générale » pour entrevoir le point extrême où, d’hypothèses en hypothèses, on en viendrait peut-être à rejoindre l’infinité.