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grandeurs et misères d’une victoire

peut s’étonner qu’un vainqueur cède à l’envie de prendre des territoires. Mais il faut la mesure en tout, et il n’est pas permis de dire que le Traité « est mauvais, très mauvais », parce que nous n’avons pas historiquement justifié le rapt germanique de 1871 en annexant, après notre victoire, un territoire allemand. J’ai remarqué, ailleurs, que M. Poincaré occupait, tout en clamant qu’il n’annexait pas, et que le maréchal Foch, sans trop se défendre sur ce point, préférait un autre sujet de conversation.

Lorsque j’avais annoncé officiellement au géné- ral qu’il était nommé maréchal de France (1), il m’écrivit une lettre de remerciements plus qu’ai- mables. Le Mémorial s’est bien gardé de la publier. Il me sera permis de réparer cette négligence pour montrer jusqu’à quel point une gratitude débordante emportait alors la plume du Maréchal. Voici les documents : « Paris, 9 août 1918. « Monsieur le Président, « Le décret du 24 décembre 1916 a fait revivre « une première fois la dignité de maréchal de « France. J’ai l’honneur de soumettre à votre si- « gnature, au nom du gouvernement, et, je peux (1) « …Malgré toute l’habileté et toute la courtoisie dont « fit preuve le général, il y eut, au cours des mois qui sui- « virent l’obtention du titre de commandant en chef, de très « nombreuses frictions qui montrèrent, qu’à ce titre, il man- « quait l’adjonction d’une dignité rendant le grand chef des « Álliés au moins l’égal, à ce point de vue, du maréchal Haig. « Voilà pourquoi dans les premiers jours d’août (1918) le « président du Conseil demandait au gouvernement de nom- « mer le général Foch maréchal de France, et cela dans l’in- « térêt des Alliés aussi bien que de la France. » — (Général MORDACQ, le Commandement unique.)