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sensibilité allemande

n’est pas l’esprit de conquête qui nous ont mis les armes à la main. Bien au contraire, la guerre n’a été pour nous qu’un suprême moyen de défense imposé à la nation entourée d’ennemis par la dure nécessité de maintenir son existence au prix des sacrifices les plus lourds.

« D’un cœur pur, nous sommes partis pour la défense de la patrie ; les mains pures, l’armée allemande a combattu. L’Allemagne est prête à en rendre compte devant des juges impartiaux[1]. »

Voilà le texte officiel de ce que le chef de l’Allemagne ose nous offrir pour fondation de la nouvelle paix allemande qui doit réparer l’insuffisance des massacres, en remplaçant le Traité de Versailles par un nouveau Traité de Francfort. Car l’Allemand a cette qualité supérieure d’être obstinée dans ses desseins.

Mais, pour répondre d’une façon définitive à l’affirmation du maréchal de Hindenburg, il suffit de reproduire les conclusions du mémoire du prince Lichnowsky, ancien ambassadeur à Londres, intitulé : Ma mission à Londres, qui fut publié en 1917, après avoir longtemps circulé sous le manteau :

« 1° Nous avons encouragé le comte Berchtold à attaquer la Serbie, bien qu’il n’y eût pas d’intérêt allemand en jeu, et bien que nous dussions savoir que c’était courir le risque d’une guerre universelle. (Que nous ayons connu ou non le texte de l’ultimatum, la question n’a aucune importance).[2]

  1. Journal Le Temps, 18 septembre 1927.
  2. Les documents officiels allemands publiés en 1919 prouvent que le cabinet de Berlin a eu préalablement connaissance de l’ultimatum.