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devant opérer simultanément, dans une action concertée et souple d’harmonie sociale, Mais la centralisation, on en a trop ; il est donc urgent d’organiser le fédéralisme, qui seul peut donner la somme de liberté possible. Toutefois, cette institution, pour être normale et durable, ne peut être fondée que par le quatrième état : le peuple.

Tel est cet ouvrage, véritable programme des décentralisateurs. Le Fédéralisme est le livre de base, la source où les esprits voués aux renaissances provinciales doivent puiser l’idée limpide et vivace qui, mise en tête d’institutions nouvelles, les fera vraim ent logiques, robustes et bienfaisantes.

En 1879, parut Thélaire Pradon (la Conversion d’une bourgeoise). C’est le passage d’une âme de jeune bourgeoise, des pratiques du catholicisme à la vérité, à la liberté. Ricard publia aussi, chez Germer-Baillière, une traduction des Nationalités, de Pi y Margall ; c’est l’exposé du système fédéraliste.

Parallèlement à ces divers ouvrages, il collabora à un grand nombre de journaux, de revues littéraires. Il écrivit entr’autres à la République du Midi, de Montpellier. Il fonda dans cette ville la Commune libre, l’Autonomie communale, le Bulletin de vote, etc… Avec Auguste Fourès collaborant pour le Haul-Languedoc, Jean Lombard pour la Provence, et lui-même pour le Bas-Languedoc, il publia encore la Sève, le Midi libre, la Ligne du Midi, etc., tous journaux de revendications méridionales. Ils groupèrent ainsi des activités politiques, littéraires et linguistiques, qui donnèrent une forte impulsion aux esprits de la région. Ricard fut enfin rédacteur en chef d’un quotidien à un sou, le Midi Républicain.

En 1881, il accepta la candidature contre Devès dans la 2e circonscription de Béziers, et se retira au ballotage, par un respect, exagéré, de la discipline républicaine.

C’est surtout avec Auguste Fourès, son plus intime, son plus réel ami, qu’il s’était voué à la défense de l’autonomie littéraire et racique du midi, et à sa renaissance politique. Il était entré avec lui dans le Félibrige, qu’ils essayèrent de pousser vers le fédéralisme républicain. En 1870, il avait fondé, avec Maurice Faure et G. Bandoni, un peintre mort depuis, la société méridionale de la Cigale — et, avec Edmond Thiaudière, des amis du midi, d’Espagne, d’Italie, une société fédéraliste latine, l’Atouette.

Il faut rappeler, de cette période si active, la Lauselo (L’Alouette), almanach dont il parut trois volumes : 1877, 1878, 1879, formant de précieux recueils, en langues romanes et en français, de poésies, d’études méridionales, de documents, etc., qu’il m’est impossible de détailler ; mais j’y reviendrai, ainsi qu’aux autres productions, en ce temps-là, de Ricard et de ses amis : il y a là tout un moment à ressusciter, à propager pour le plus grand bien des idées d’art et de décentralisation actuelles. Je ne puis que citer encore l’Idée latine, (chez Coulet, Montpellier 1878), le Banquet de l’Alouette (id.) et l’Alliance latine, une revue internationale où Ricard, Fourès et Lydie Wilson essayèrent de grouper les écrivains de tous les pays latins, autour de l’idée fédérative ; elle n’eut que deux numéros (juin,